12 mars 2021 | | Actualités

Projet UMons – Faculté d’Architecture et Urbanisme à la rue d’Havré

Un projet qui risque de faire tache! L’UMons projette un nouveau bâtiment monumental sur le site de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme à la rue d’Havré.

Description générale

Le projet vise à construire, après démolition des bâtiments existants, un nouveau bâtiment accueillant principalement auditoire, foyer pour les étudiants et des ateliers, en plein cœur de l’îlot urbain, propriété de l’UMons, sur 5 niveaux dont un niveau en sous-sol.

Vu de l’extérieur, le bâtiment se présente sous la forme d’un parallélépipède (avec partie supérieure « mansardée ») de base carrée de 29m de côté, enchâssé dans le parcellaire ancien de la ville, aux parois en aluminium de couleur noire percées et découpées largement pour offrir aux usagers éclairage et vues vers la ville et l’environnement proche.

La lecture des plans montre un parti qui cherche à privilégier les connections piétonnes à travers l’îlot urbain, entre la rue d’Havré et le quartier Rachot, assurant ainsi une perméabilité du site qui s’articule autour d’un foyer qui se déploie à tous les niveaux des ateliers. Ce projet pourrait être un outil séduisant dans son organisation pour la vie estudiantine, les échanges entre étudiants et professeurs, l’émergence d’idées et projets créatifs.

L’ampleur du projet

Le volume construit sera augmenté de 96% par rapport au volume existant démoli, la surface bâtie sera portée de 2034 à 3563m2 (+75%), la hauteur totale du bâtiment, aujourd’hui de 11m30 pour la partie démolie (toiture comprise) sera portée à 18m, semblable à la hauteur du faîte le plus élevé de la toiture avant du bâtiment classé situé à front de la rue d’Havré.

Une attention aux défis de demain ?

Puisqu’il s’agit du lieu d’enseignement et de formation à l’architecture, on pourrait s’attendre à ce que le projet exprime les préoccupations majeures de demain : performance énergétique, reconnexion de l’homme avec la nature, respect de l’environnement et du voisinage immédiat. C’est un souci que ne semblent pas avoir eu les auteurs du projet.

Une architecture-objet

Le projet n’a aucune relation avec le contexte et fait des choix passéistes, comme des parois de façades en alucobond, de couleur noire (la justification de cette couleur par la couleur des ardoises des toitures montoises ignore que celles-ci ne sont pas noires, mais grises), des brise-soleil fixes de même matériau et couleur : comment en assure t-on l’entretien et le nettoyage; et a-t-on pensé à l’impact sonore de pluies battantes sur un tel matériau pour les usagers et les voisins immédiats ? Pourquoi pas un bardage solaire en façades sud et ouest ?

Aménagement des abords : un passage étroit sur le site de l’ancien cinéma Clichy, une ambiance triste, sèche, minérale, entre deux hauts murs-pignons ingrats. Ne pourrait-on pas proposer l’intégration de plantes grimpantes à feuillage persistant, avec fleurs et odeurs diverses s’appuyant sur les murs, les auvents,… comme sensibilisation des étudiants à la biodiversité en ville.

Quant à la cour arrière, même s’il faut réserver l’aire pour les pompiers et les parkings, pourquoi ne pas garnir les murs également de végétation et planter judicieusement arbres et arbustes sur les espaces non utilisés ? Laisser les joints du pavage ouverts pour laisser place à la nature spontanée ? Le projet s’installe en cœur d’îlot, là où normalement se déploient les jardins d’ailleurs présents sur les parcelles voisines : la végétation doit donc y être largement présente et l’imperméabilisation limitée au strict nécessaire.

Quid du plan-lumière ?

La Ville de Mons a été exemplaire dans la mise en place d’un plan-lumière dans le passé, appliqué encore aujourd’hui. On sait que l’ambiance urbaine en soirée et la nuit contribue beaucoup à l’attrait patrimonial et touristique de la ville.

A t-on mesuré et évalué l’impact du bâtiment éclairé de l’intérieur, en particulier l’hiver, sur l’ambiance urbaine ? Quid au niveau des mesures mises en place pour les voisins proches qui subiront ces grandes percées lumineuses sans pouvoir rien maîtriser ?

Collision du projet avec son environnement

Le programme important et la structure rigide de la maille carrée à partir de laquelle est conçu le bâtiment contraint à implanter un bâtiment massif dans une structure parcellaire résidentielle privée, mitoyenne, irrégulière, avec une série de « frottements », des proximités exagérément réduites et des ruptures de gabarits entre l’existant et le nouveau.

Alors que les volumes existants les plus élevés s’écartent des limites de propriétés, ici ils s’imposent sur les limites ou quasi sur celles-ci, offrant soit des murs opaques trop hauts comme prospects aux habitants (voir les parties nord-Est et Est du projet), soit des troubles de voisinage indécents du fait de trop larges vues plongeantes sur les parties privées de logements (voir les propriétés impactées à la rue d’Havré, rue du Hautbois et place Roger de Looze) quand ce ne sont pas des prises de vues et jour non conformes au code civil.

Les riverains directs ont-ils été consultés, visités, avant la définition du projet ?